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LES TEMPLIERS


n 1128, Saint-Bernard convoque le concile de Troyes. C'est la toute première fois dans l'histoire de l'église que l'on convoque un concile pour créer un ordre, et, outre le légat du pape, tous les abbés ou évêques de France qui sont là sont bénédictins ou cisterciens.

L'Ordre du Temple naît officiellement ce jour-là. On lui accorde des privilèges et une autonomie exceptionnels, du jamais vu dans l'Histoire, même depuis. Dépendant directement du pape, l'Ordre n'a de comptes à rendre à personne, pas même au roi ou à ses prévôts. Il est exempt de tout impôt. Grâce à ce statut et à la règle que leur constitue Saint-Bernard les "Templiers" vont pouvoir édifier une organisation extraordinaire pour l'époque, et qui restera un modèle pour bien des générations.

Les Templiers n'ont pas droit à des biens propres hormis leurs effets personnels, mais l'Ordre du Temple reçoit très vite, et de toutes parts, des dons et des legs. A partir de cet instant, ils parcourent toute l'Europe et ils recrutent des volontaires triés sur le volet pour leurs qualités morales, leurs aptitudes aux rôles qu'ils auront à tenir dans la grande reconstruction morale et sociale qui se met en œuvre.

Maintenant qu'ils sont plus nombreux, et pendant plus de deux siècles, les Templiers vont protéger les routes de pélerinages, certes, mais aussi et surtout celles du commerce. Ils vont créer et rationnaliser des structures d'exploitations agricoles, forestières, maritimes, commerciales, bancaires même, ils vont introduire ou généraliser l'usage de la lettre de change cryptée et le transport de fonds avec des réseaux de routes protégées, des "commanderies", lieux d'étapes et relais protégés. Mais aussi des centres de formation et d'hébergement pour les quantités d'ouvriers constructeurs qui voyagent sous la protection du temple, et qui sont regroupés en association; "les enfants de Salomon".

Bref, ils vont mettre la France au travail, la remettre en marche !

En même temps, ils vont concourir, dans cette époque encore glauque du moyen-âge, à l'instauration du mythe de la Chevalerie et de la quête du Graal.

Déjà, quelques décennies plus tôt, des auteurs anonymes, sans aucun doute bénédictins, avaient lancé la "Chanson de Roland", reprise par les ménestrels, de châteaux en châteaux. Le ballon d'essai ayant bien fonctionné, Chrestien de Troyes (pseudonyme on ne peut plus transparent d'un auteur que personne n'a jamais vu !) peut écrire ses "romans" de la Table Ronde : Arthur, Lancelot du Lac, Yvain ou le Chevalier au Lion, Perceval, autant de guides de bonne conduite à l'adresse des petits seigneurs féodaux qui n'auraient pas encore compris qu'une page de l'Histoire est tournée, qu'une autre va s'ouvrir sur des temps nouveaux...

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